Du 5 au 14 août, l’Office des Nations Unies à Genève accueille une réunion cruciale pour tenter de conclure un traité international contre la pollution plastique. Après des années de négociations sans aboutir, la pression monte. Le monde devra trancher : réduire à la source ou préserver le statu quo industriel.

Un cycle de négociations sans fin ?
L’UNOC, la conférence des Nations Unies sur l’Océan qui s’est tenue en juin dernier, n’a pas débouché sur un traité international sur la pollution plastique. Ainsi, les parties prenantes se retrouveront du 5 au 14 août à l’Office des Nations Unies à Genève afin de trouver un consensus en vue d’un traité international juridiquement contraignant.
Cette réunion, nommée INC 5.2, marque la seconde partie de la cinquième session des négociations intergouvernementales entamées en mars 2022. Un moment charnière, censé mettre un point final à des discussions qui peinent à avancer. En effet, les échecs de consensus ont été nombreux, notamment lors de la précédente session en Corée du Sud, à Busan en décembre dernier, qui devait déjà clore les négociations.
L’ambition du traité : agir sur tout le cycle de vie du plastique
L’objectif reste inchangé : aboutir à un traité juridiquement contraignant pour mettre fin à la pollution plastique, conformément à la résolution 5/14 du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement). Un texte censé agir sur l’ensemble du cycle de vie du plastique, de l’extraction des matières premières à la gestion des déchets, y compris dans les milieux marins.
Deux visions du monde s’affrontent
Mais le chemin vers un accord reste semé d’embûches et les négociations pâtinent. Deux blocs aux intérêts opposés s’affrontent :

- d’un côté, les « willings », un groupe de pays qui militent pour un traité ambitieux, incluant :
- une réduction de la production plastique,
- l’interdiction progressive des plastiques les plus nocifs,
- des obligations juridiques contraignantes pour transformer la conception des produits.
- de l’autre, les « like-minded », un groupe mené notamment par l’Arabie Saoudite, la Russie et l’Inde, qui cherchent à freiner toute mesure susceptible de nuire à leur industrie pétrochimique.
Un signal fort envoyé à Nice pendant l’UNOC
À Nice, lors de l’UNOC en juin, 95 pays ont pourtant envoyé un signal fort en signant l’Appel de Nice pour un traité ambitieux sur les plastiques. Les pays signataires ont réaffirmé la nécessité d’un accord fort aligné avec la science et les attentes citoyennes. La réduction de la production et de la consommation plastique sont les mots d’ordre de ce texte. Un souffle d’espoir pour ces pays ambitieux, permettant de maintenir une certaine tension et de poser les fondements d’une offensive politique solide en vue de l’INC 5.2 à Genève. Plusieurs délégations ministérielles sont attendues en fin de session, dont celle de la ministre française de la Transition Écologique, Agnès Pannier-Runacher.

Une réserve qui inquiète
Néanmoins, l’attitude du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), pourtant essentiel dans cet accord, inquiète. Selon la fondation Tara Océan, l’organisation chercherait un accord à tout prix, quitte à vider le texte de sa substance et à faire le «deuil du consensus ».
Une tension témoin du contexte géopolitique actuel
La question de ce traité est un exemple clé des tensions géopolitiques actuelles où on peut observer une dualité importante. Entre les États-Unis, repliés sur une ligne unilatérale aux accents trumpistes qui priorise leur marché intérieur sans se soucier des préoccupations écologiques quelles qu’elles soient, et une Chine aux ambitions écologiques plus affirmées, bien que premier producteur de plastique. La Chine, qui revendique une doctrine de « civilisation écologique », reconnaît désormais la nécessité de réduire sa propre production de plastique, un levier majeur pour faire baisser la production mondiale. Son engagement sera donc décisif pour la réussite du traité.
Agir pendant que les négociations ont lieu
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Alors, compromis ambitieux ou statu quo industriel ? La communauté scientifique et de nombreux observateur.ices s’accordent, seule une réduction à la source permettra un impact réel.
Rédaction : Léonie Bouffard
Sources :
Article « Pollution plastique : à Genève, une nouvelle tentative pour un traité à l’échelle du cycle de vie », Mer et Marine, par Charlotte David publié le 17/07/2025
Article « Traité plastique : dernière chance pour un accord ambitieux en août à Genève », Bloom Association, publié le 29/07/2025