Aujourd’hui, les déchets plastiques s’accumulent un peu partout sur le globe. Et bien que considérés unanimement comme une pollution gigantesque, les initiatives de recyclage sont rares et absolument pas proportionnées aux quantités de plastiques jetés chaque année.
Intéressons-nous à la matière première qui permet d’obtenir du plastique : le pétrole.
Un baril de pétrole brut (159 litres) n’est pas directement utilisable en tant que tel, il doit d’abord être raffiné afin d’en extraire l’Essence, le Gazole, le Kérozène, les Gazs, etc…
Comme un baril de pétrole ne donne pas 100% d’essence, mais une multitude de composés différents, l’industrie pétrolière a dû trouver des débouchés pour de nombreux sous-produits moins « nobles ».
Par exemple, c’est le cas du Mazout lourd, grâce auxquelles les flottes de cargos du monde entier fonctionnent, permettant ainsi d’écouler les stocks de ce sous-produit dont personne ne veut (on étoufferait en ville si les voitures fonctionnaient à cela). Les centrales thermiques à pétrole en consomment aussi.
Trouver des débouchés pour les restes de barils, une fois l’Essence, le Diesel, le Kérozène et les Gazs vendus, est indispensable pour l’industrie pétrolière, afin d’éviter que les stocks s’accumulent.
Imaginez les stocks faramineux que cela représenterait si 10L par baril devaient être stockés car non utilisables, lorsque les seuls États-Unis extraient 10 millions de Barils par Jour !
Sur un baril de 159 litres, 4 litres en moyenne sont utilisables par les industries pétrochimiques. C’est donc ce que nous allons retrouver dans nos peintures, mais surtout et principalement c’est cette partie qui va servir à produire le plastique.
Avec une production mondiale de pétrole se situant entre 90 et 100 millions de barils par jour, l’industrie pétrolière doit donc se libérer d’en moyenne 380 millions de litres de pétrole destinés au plastique chaque jour, soit 139 Milliards de litres par an.
De ce fait, pour éviter d’avoir à stocker cette quantité de pétrole, l’industrie pétrolière est obligée de produire du plastique neuf chaque année.
Ce qui explique, entre autres, que le plastique à l’état de déchet n’ait quasiment pas de valeur et ne soit recyclé que dans une très infime partie des cas. De plus, lorsque le plastique est recyclé en un nouvel objet plastique, il s’agit toujours d’un pourcentage recyclé par rapport à du neuf. La plupart des bouteilles qui se vantent d’être en plastique recyclé ne le sont souvent qu’à hauteur de 10 à 15% maximum. Cela fait donc entre 85 et 90% de plastique neuf dans chaque bouteille.
Dans tout ceci, il est très aisé de dire que le problème du plastique vient du consommateur, qu’il suffit de se tourner collectivement vers le zéro-déchet pour éradiquer le problème du plastique.
La question est beaucoup plus complexe.
Tant que notre société restera dépendante des extractions de pétrole pour se déplacer, se nourrir, se chauffer, s’éclairer, s’habiller, etc… les industriels continueront de produire du plastique, et celui-ci ne sera dans sa grande majorité pas recyclé.
Le combat contre la pollution plastique est donc à inscrire dans un processus plus grand de sortie des énergies fossiles.
En attendant, engageons-nous dans des initiatives de transport de personnes et de biens à la voile, véritables alternatives au Mazout lourd des cargos actuels !
Et sensibilisons autour du fait que les déchets plastiques soient orientés vers des entreprises de recyclage (même si on a vu leurs limites) plutôt que dans les océans.
Ecrit par Julien WOSNITZA