[Fashion Wings]

La Fashion Wings est un projet de sensibilisation et de revalorisation réalisé par les bénévoles de l’Étang de Berre.

Après avoir ramassé, trié et stocké les douze tonnes de déchets déjà collectés depuis cinq mois, nous nous sommes très vite rendu compte qu’un tiers seulement était recyclé !
En parallèle, l’idée de créer une robe à partir d’emballages CapriSun pour une photographie artistique est née : compte tenu de l’urgence écologique que nous vivons actuellement, nous comptions sensibiliser le public avec ce projet artistique, car l’art est un vecteur majeur et populaire dans notre société actuelle.

Et pourquoi ne pas aller plus loin ?

Concevoir une collection complète de tenues, uniquement à base de déchets et organiser une parodie de Fashion Week ? Le projet est né ! Nous avons imaginé neuf personnages, chacun avec une particularité et quelque chose de précis à dénoncer. Neuf tenues uniques réalisées à partir des déchets les plus présents dans la nature, les plus surprenants et les plus emblématiques.

Ce projet s’est concrétisé le 26 août, avec un défilé sauvage sur le Vieux Port de Marseille. 


1, 2, 3, focus !

COV-21

Cette tenue a été entièrement fabriquée à partir de masques sanitaires jetables trouvés dans la nature, au cours des collectes de déchets sur l’étang de Berre. 

Il font partie de notre quotidien depuis peu de temps, pourtant ces masques se retrouvent absolument partout et il finissent aujourd’hui dans nos rues, nos plages, nos forêts… 

Chaque semaine, 50 millions de masques sont utilisés en France depuis le début de la crise du COVID et génèrent ainsi une quantité astronomique de déchets. L’utilisation de quantité de matériel à usage unique – masques, gants, mouchoirs, protections diverses – est un désastre environnemental, la fin de vie de ces déchets n’étant pas réfléchie. 

Ironie du sort, la crise sanitaire que nous traversons est elle même liée aux désordres écologiques que subissent la planète. Sommes-nous réellement préparés à affronter crise sur crise ? Il en va de notre responsabilité citoyenne d’agir. 

R2-D-P0L

Cette tenue à été confectionnée à partir de tapis, bouchons de plastique, filets de pêche, lunette de plongée, visière de casquette, divers déchets en plastiques, un sac à dos, un pot d’échappement, un tuyau, le haut d’un bidon en plastique et une chute de tissu.

R2-D-P0L veut nous avertir d’un futur potentiellement catastrophique si nous continuons dans la voie de la production de masse et de la sur-pollution.

Le personnage qui lui est associé est un humanoïde vivant en 2050 dans une réalité ou la civilisation s’est effondrée. L’air est devenu irrespirable et une poignée de survivants a dû s’adapter pour survivre aux gaz polluants. Avec cette tenue nous avons voulu dénoncer la pollution atmosphérique massive ainsi que l’inefficacité des actions politiques menées jusqu’à maintenant.

Notre planète étouffe, le réchauffement climatique provoque de multiples incendies en forêt, dont les émissions ajoutent à leur tour à la pollution atmosphérique et font grimper en flèche les températures. Le serpent se mordant la queue.

Parmi les différentes autres causes de la pollution de l’air, nous retrouvons les émissions anthropiques (d’origine humaine), les installations industrielles, les transports (camions, avions, bateaux…) ou encore l’incinération d’ordures ménagères.
Selon l’OMS, 3 millions de personnes meurent chaque année des effets de cette pollution, c’est pourquoi il est impératif que nous adoptions un modèle plus en phase avec nos problématiques, plus respectueux de notre environnement, qui s’inscrira dans la durée.

Lay’Z

Cette tenue a été confectionnée à partir d’emballages de junk food retrouvés sur les plages lors de nos dépollutions. Avec cette tenue, nous souhaitons dénoncer le recours en masse au plastique par les différentes enseignes de la grande distribution et l’inefficacité des politiques de recyclage, mais aussi sensibiliser sur la pollution citoyenne : pique-nique en pleine nature, apéro-plage avec les amis….

La grande distribution est une source de pollution majeure en termes de plastique avec plus d’1 millions de tonnes utilisées en 2017 pour ces emballages, qui représentent la première cause de pollution sur nos littoraux. Cependant, la responsabilité est partagée avec les institutions, car il est aujourd’hui difficile de recycler ces plastiques (souvent mélangés à de l’aluminium ou d’autres composés) et la filière de recyclage est sensiblement inefficace.

Aujourd’hui le tri des déchets est adopté par le plus grand nombre, seulement cette méthode a ses limites, car seulement 1/3 des matières que nous trions sont réellement recyclées. Le reste finit incinéré, enfoui… ou déversé au large, dans les océans.

A l’origine du problème, la surconsommation qui engendre un trop-plein de déchets. En tant que consommateur.ices, nous avons un pouvoir direct sur cette pollution. Il est important de prendre conscience de ce pouvoir, car comme le dit le fameux adage : le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas !

PLASTOC

Cette tenue est un « hommage » à un élément vital, l’eau, aujourd’hui source de pollution à cause de son conditionnement dans des bouteilles en plastique.

Les bouteilles d’eau composent l’essentiel de cette robe, rehaussée des inévitables bouchons que l’on trouve lors de nos ramassages côtiers. Ces éléments incarnent l’aberration d’une industrie qui exploite une ressource naturelle et qui peine aujourd’hui à en maitriser le recyclage.

Sur 400 millions de tonnes de plastiques produits chaque année, seulement 9 % sont recyclés et 12 % incinérés. Pour les 79 % restants, ils finissent dans les décharges, les canalisations et polluent la nature, les mers et les océans.

La réutilisation de nos déchets plastiques dépend du plastique utilisé, des structures de collecte et de valorisation. Par exemple, une bouteille en plastique ne peut être réutilisée que 2 à 3 fois maximum, après elle devient un déchet. En France, 25 millions de bouteilles sont jetées par jour. Elles sont, soit mises dans le circuit de tri, soit abandonnées dans la nature, où elles mettent entre 100 et 1000 ans à disparaitre.

Pendant ce laps de temps, elles se décomposent et se retrouvent partout, sous forme de micro-plastiques, puis nano-plastiques. Nous avons été surpris d’apprendre que nous ingérons, en moyenne, 5 grammes de plastique par semaine, concrètement l’équivalent d’une carte bancaire.

Afin de limiter notre impact écologique dû au plastique, nous devons refuser, réduire, réutiliser, recycler et rendre à la terre, dès que cela est possible.

Ensemble et individuellement, nous sommes les forces de demain ! Aucun geste ou action écologique et conscient n’est inutile !

Canardeur

La chasse est le 3ème loisir français derrière le foot et la pêche.
Cette activité a de fortes répercussions sur la faune, l’environnement et la santé humaine. Pour cette tenue, nous avons collecté les tubes en plastique épais provenant de cartouches de chasse.

Par exemple, autour de l’étang de Berre, environ 1000 cartouches ont été ramassées depuis le début de notre campagne en avril 2021.
Ces cartouches contiennent du plomb qui est un élément chimique toxique, mutagène (élève le nombre de mutations génétiques) et reprotoxique (altère la fertilité). Abandonnées dans la nature, ces cartouches déversent leurs résidus de plomb dans les sols. C’est ainsi que les animaux se retrouvent à en consommer.

Par exemple, les oiseaux prenant les billes de plomb pour de la nourriture finissent par mourir de saturnisme. Des animaux carnivores risquent de manger les oiseaux contaminés et de subir le même sort. Si leurs corps ne sont pas mangés par d’autres, ils se dégradent et pénètrent les sols.

Les cartouches sont enrobées de plastique mettant entre 100 et 1000 ans à disparaitre. Durant tout ce temps, ce composant voyage : on peut le retrouver polluant nos sols, notre eau et notre air.

Une seule activité vient donc contribuer au dérèglement de notre écosystème naturel et si fragile. On estime que chaque année, environ 100 000 tonnes de plomb se répandent dans l’environnement en Union Européenne, en raison de ces utilisations : 79 % proviennent du tir sportif, 14 % de la chasse et 7 % des activités de pêche.

CIGGY PUNK

Avec son casque de moto iroquois, son crop top aluminium et sa longue jupe faite de filets et de bouées de pêche, la tenue de Ciggy Punk est, elle aussi, entièrement composée des déchets ramassés au cours d’opérations de dépollution. Elle est complétée par un sac fait de polystyrène et d’emballages de paquets de cigarettes.

Ciggy Punk dénonce la pollution engendrée par les mégots jetés dans la nature.
En plus des dégâts générés en matière de déforestation, émissions de CO2 et acidification des sols, les mégots de cigarettes sont la principale source de pollution des océans. Ce sont précisément les filtres à cigarettes qui posent problème car aucune règlementation n’existe à l’échelle de la planète pour procéder à leur élimination et par conséquent, une très grande partie des mégots se retrouvent dans les mers et les océans.

Selon la Cigarette Butt Pollution Project, sur les 5 200 milliards de cigarettes produites chaque année dans le monde, dont la plupart sont dotés de filtres, 66 % finissent dans la nature. Or les cigarettes mettent en moyenne 12 ans pour se dégrader totalement : les filtres se dégradent entre 1 et 2 ans, mais l’un de ses composants, l’acétate de cellulose, met près de 10 ans à se biodégrader.

Le saviez-vous ?
Un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau. Les répercussions des déchets de mégots à l’échelle mondiale sur les ressources en eau sont catastrophiques. Les mégots de cigarettes représentent 40% des déchets récupérés dans les villes et sur les plages lors des campagnes internationales de nettoyage. C’est le détritus le plus répandu sur toutes les plages du monde.

ICE BERRE

Miss Ice Berre porte le polystyrène en étendard, soit la glace en plastique des Océans…

Le polystyrène moussé, ou styromousse, est une matière excessivement utilisée dans les activités maritimes et est, par conséquent, une source importante de déchets marins. Composant de nos emballages alimentaires, c’est un matériau essentiel de la pêche et de l’aquaculture. Les propriétés physiques du polystyrène en font un polluant parfait.

Sa composition légère lui permet de flotter facilement et de parcourir de longues distances – toutes les routes mènent à l’océan !

Par exemple, lors d’une seule dépollution autour de l’étang de Berre, 3240 kg (soit 13500 litres) de polystyrène ont été ramassés.

Cette dépollution s’est déroulée autour d’une mare qui a servi de décharge aux entreprises alentours. La nature a repoussé au dessus et à travers, ne nous donnant la possibilité d’observer que la partie visible « de l’ice berre »…

Cette tenue alerte à sa façon sur une des conséquences de notre consommation de pétrole, en jeu dans le réchauffement climatique et dans la fonte des glaces.

Le polystyrène fabriqué à partir du pétrole ne se biodégrade jamais complètement et constitue une grave menace pour la vie des océans. Effrité en milliers de fragments, gonflés d’eau, ces derniers sont ingères par tous les occupants des milieux marins, à tous les maillons de la chaîne alimentaire.

Selon la Plastic Océans Fondation, plus de 600 espèces marines ont été touchées par la pollution plastique. Danger pour les écosystèmes océaniques, le polystyrène est capable de ramasser les contaminants de tout ce qu’il touche. Cela le transforme en un puissant matériau toxique qui remonte la chaîne alimentaire et empoisonne tout en cours de route.

Les scientifiques ont trouvé des fragments de plastique dans des centaines d’espèces, dont 86 % de toutes les espèces de tortues marines, 44 % d’oiseaux marins et 43 % de mammifères marins.
Pour le dire simplement, « la pire forme de pollution plastique est la mousse de polystyrène« , selon l’ONG Environnent American.

HÉRITAGE

Hommage à la culture Hip-hop et pied de nez à l’archéologie du Futur, cette tenue est conçue à partir d’un emballage de Big Mac, qui a magnifiquement survécu depuis 25 ans. Il est assorti de son Ghetto Blaster à piles et d’une horloge fabriquée en canettes de Coca dont les aiguilles indiquent l’heure de l’Apocalypse qui approche.

Le personnage que cette tenue incarne est un revenant, qui dénonce la très lente dégradation de nos déchets. Comme son appareil, rendu silencieux par un long séjour dans l’étang de Berre, il a bien du mal à être entendu.
Il porte la lourde responsabilité de désigner le temps, qui joue contre une humanité qui entrevoit sa propre fin, ensevelie sous les déchets.

La production de déchets au niveau mondial est estimée à 2,01 milliards de tonnes par an, soit environ 70 tonnes de déchets générés chaque seconde. Le flou entourant les chiffres des déchets toxiques ou dangereux – comme les solvants – est dramatique. Selon le rapport de la Banque Mondiale (What a Waste 2.0), la quantité de déchets devrait augmenter de 70% dans le monde jusqu’en 2050, pour atteindre 3,4 milliards de tonnes annuelles.

Si l’industrie agro-alimentaire et la construction des bâtiments génèrent la part majoritaire de ces déchets, chacun de nous peut endosser une responsabilité à son niveau. Rien qu’en France, la production de déchets ménagers atteint près de 5 tonnes par habitant et par an (source ADEME).

Capri-Seum

Cette tenue a été confectionnée à partir d’emballages de boisson Capri-sun, que nous avons ramassés en masse dans l’Étang de Berre. Cette marque incarne à elle seule une véritable catastrophe écologique.

Chaque année, aux États-Unis seulement, on estime que 1,4 millions de ces emballages (5 fois le tour de la terre) sont jetés dans des décharges ou bien dans la nature.

De plus les Capri-Sun sont très difficiles à recycler de par leur composition à base de différentes couches d’aluminium et de plastique. Mais ce n’est pas tout, la fabrication de ces emballages à usage unique nécessite un apport constant en énergie, eau et autres ressources naturelles (notamment des dérivés de combustibles fossiles non renouvelables) afin d’assurer une production continue en réponse à la demande mondiale.

C’est pourquoi il nous faut stopper ce désastre écologique, nous ne pouvons pas fermer les yeux sur cette multi-pollution qu’un si petit contenant engendre !

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