Taxe plastique : qui doit payer pour le plastique jetable ?
Mercredi 19 novembre, l’Assemblée nationale a voté la suppression de l’article proposant la taxe plastique, une mesure clé pour réduire les déchets plastiques non recyclés qui finissent dans la nature ou l’océan.
Cette mesure aurait dû enfin responsabiliser les producteurs d’emballage plastique, plutôt que de laisser la facture aux citoyens. Une occasion d’envoyer un signal fort en faveur de la réduction de la production du plastique superflu, avant qu’il ne soit trop tard.
La partie n’est pas terminée : une mobilisation citoyenne d’ampleur peut encore peser dans le débat et rappeler l’urgence d’agir à la source.
Actualité publiée le 19 novembre 2025
La taxe plastique : à quoi ça sert vraiment ?
La France croule sous les emballages plastiques. Chaque année, 4,5 millions de tonnes de déchets plastiques sont mises sur le marché en France¹, dont une bonne partie ne sera jamais recyclée : à peine 26,5 % des emballages ménagers trouvent réellement le chemin du recyclage², loin de la barre fixée à 50 % pour 2025.³
Résultat : la nature trinque, l’océan sature, et l’État (donc nous toutes et tous) payons pour les déchets plastiques que nous ne parvenons pas à recycler. En 2023, la France payait plus d’1,5 milliard d’euros de pénalités à l’Union européenne pour ses emballages plastiques non recyclés⁴.
C’est dans ce contexte qu’est abordée la taxe plastique, proposée dans le budget 2026. Son objectif : faire porter une partie de la facture non plus sur les contribuables, mais sur celles et ceux qui mettent ces plastiques en circulation. C’est tout l’enjeu du principe de pollueur-payeur.
Comment cette taxe fonctionne-t-elle ?
La taxe vise les emballages plastiques non recyclés. L’idée est simple : le montant de la taxe est proportionnel à la quantité d’emballages non recyclables (ou mal recyclés) mis sur le marché par un producteur ou un éco-organisme.
Le montant est fixé autour de 30 €/tonne en 2026, avec l’ambition d’atteindre 150€ d’ici 2030 pour encourager la réduction, la conception plus sobre, ou le passage au réemploi. Le problème, c’est que le barème proposé reste encore très en dessous du coût réel assumé par la France, qui verse aujourd’hui à l’Union européenne une pénalité équivalente à 800 €/tonne de plastique non recyclé.³
Autrement dit : la taxe récompense le plastique qui a une seconde vie, et pénalise celui qui finit dans la nature ou l’incinérateur. Une façon de pousser les industriels à revoir leur copie sans attendre la prochaine tempête médiatique, mais qui devra être bien plus ambitieuse pour avoir un réel impact.

Pourquoi cette taxe fait-elle autant débat ?
Parce qu’elle touche à un sujet explosif : la responsabilité économique de l’industrie plastique.
D’un côté, les ONG plaident depuis des années pour ce type de mesure. Une taxe réellement dissuasive pourrait faire diminuer la production de plastique jetable, soutenir les alternatives, et réduire la pollution en amont. Pour Wings of the Ocean, c’est évident : moins d’emballages inutiles, c’est moins de déchets qui finissent sur les littoraux, dans l’océan puis dans nos organismes.
De l’autre côté, les lobbies industriels crient à la catastrophe. Selon eux, cette taxe qui menace leur compétitivité pourrait être répercutée sur les prix… et arrive trop vite. Résultat : une avalanche d’amendements tente de la réduire, de la repousser, voire de la supprimer.
Le mercredi 19 novembre, l’Assemblée nationale a finalement supprimé l’article du projet de loi de finances qui prévoyaient la création de la taxe sur les emballages plastiques.
Une taxe utile à condition d’être ambitieuse
Le cœur du sujet tient presque en une question : veut-on une taxe symbolique ou une taxe utile ?
Avec des ambitions basses, elle risque de devenir un simple affichage politique : taxer trop faiblement pour que les producteurs changent quoi que ce soit.
À l’inverse, une taxe plus ambitieuse pourrait réellement prendre à bras-le-corps le problème :
- en poussant à concevoir des emballages plus recyclables,
- en réduisant le plastique à usage unique,
- et en finançant les filières de réemploi et de recyclage qui en ont cruellement besoin.
L’enjeu est donc autant écologique qu’économique : qui paie pour la pollution ? L’industrie ? Les citoyen.nes ? L’État ? Aujourd’hui, ce sont surtout les contribuables. L’idée de cette taxe est aussi de rééquilibrer la balance.
Cependant, avec la récente décision de l’Assemblée, l’option d’une taxe ambitieuse semble fortement compromise.
Pourquoi cette taxe est importante pour Wings of the Ocean
Wings of the Ocean lutte sur le terrain face à la pollution mondiale du plastique. Nous le voyons tous les jours : agir en aval ne suffit pas. Il faut réduire la pollution à la source.
Cette taxe va dans ce sens. Elle ne réglera pas tout, mais elle met enfin une pression économique sur celles et ceux qui produisent du plastique à usage unique sans en assumer les conséquences.

Où en est le vote sur la taxe plastique ?
Le débat sur la taxe plastique a pris un tournant majeur : les député.es ont voté le mercredi 19 novembre la suppression de l’article qui créait la taxe lors de l’examen du projet de loi de finances. Pourtant, plusieurs amendements ambitieux étaient encore en discussion, dont celui proposant de porter le tarif à 300 €/tonne dès 2026.
À l’inverse, des amendements défendus par la droite et l’extrême droite demandaient la suppression pure et simple de la taxe, au motif que les producteurs contribuent déjà via la responsabilité élargie du producteur (REP). Cette position a fini par l’emporter, soutenue par la commission des finances et confirmée en séance.
Certaines discussions portaient aussi sur le report à 2029 de l’application de la taxe pour certains emballages professionnels, un autre signe des résistances parlementaires.
En clair : pour cette première lecture, la taxe plastique est sortie affaiblie, voire enterrée. Le texte pourrait revenir dans la suite de la navette parlementaire, mais son avenir dépendra désormais d’un rapport de force politique particulièrement tendu.
L’essentiel à retenir
- La taxe plastique vise à réduire les emballages inutiles et à encourager le recyclage.
- Elle est soutenue par les ONG, contestée par les industriels.
- Trop faible, elle ne servira à rien. Suffisamment ambitieuse, elle peut accélérer la transition.
- Pour Wings of the Ocean, c’est une mesure clé pour protéger l’un océan et limiter la pollution en amont.
- La prochaine étape clé reste le vote solennel du Projet de loi de finances, prévu le 24 novembre, qui aura bien lieu et qui confirmera ou non l’abandon de la taxe plastique adopté en séance.
- Une mobilisation citoyenne d’ampleur peut encore faire bouger les lignes.
Cette taxe doit ouvrir une porte : celle d’un système où le coût du plastique n’est plus supporté uniquement par les citoyen.nes, mais par celles et ceux qui le produisent. Encore faut-il que la taxe soit adoptée et qu’elle soit à la hauteur de l’enjeu, car si l’on veut vraiment réduire le plastique à usage unique, c’est bien à la source qu’il faut agir.
Que faire maintenant que la suppression de l’article a été votée ?
Plus que jamais, nous devons en tant que citoyen.nes et associations faire entendre notre voix pour exiger le retour du projet d’une taxe plastique ambitieuse et à la hauteur des défis écologiques que nous affrontons. Bien que l’article ait été supprimé du Projet de loi de finances, une navette parlementaire est encore possible. Chacun.e peut agir à son niveau :
- Écrire ou appeler son/sa député.e pour lui rappeler l’urgence d’une taxe efficace.
- Signer et partager des pétitions pour montrer l’ampleur de la mobilisation citoyenne.
- Relayer l’information sur les réseaux sociaux avec des exemples concrets de pollution plastique et ses impacts.
- Participer à des événements ou campagnes d’ONG pour donner plus de visibilité au sujet.
- Informer et sensibiliser son entourage, car plus nous sommes nombreux.ses à réclamer le changement, plus notre voix compte.
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Sources :
¹ Ministère de la Transition écologique – Dossier de presse : Réduire nos usages du plastique : la France s’engage (2025)
² WWF – Etude : Le plastique ça n’emballe plus (2020)
³ Reporterre – Budget 2026 : la taxe plastique déchaîne les lobbies (2025)
⁴ Sénat – Journal officiel de la République Française, Compte rendu intégral (Séance du mardi 4 juin 2024)
Pappers Politique – Projet de loi de finances pour 2026, Amendement n°001245 (Assemblée Nationale) (2025)
Surfrider – Taxe plastique : Surfrider et Zero Waste France appellent les députés à résister aux lobbies (2025)
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